Bon ce n’est pas forcément vrai. Certes on peut s’asseoir à son clavier (piano ou autre) ou empoigner sa guitare et partir de rien. En fait laisser faire ses mains. Mais on peut aussi réagir à un/des sons(s) que l’on croise (une rivière, la mer, des enfants qui jouent, etc.). Ou bien encore ne faire que penser à un air qui vient tout seul…
Tout ça pour dire que le point de départ n’a aucune importance. Le tout c’est qu’il y en ait un.
Mais, là il faut que je torde le cou à une légende (sans doute entretenue par quelques « purs et durs » de la musique classique) qui veut qu’on parte obligatoirement d’une mélodie, qui entraine derrière elle un arrangement d’accords, d’une ligne de basse, de point et contre-point, d’harmonie, puis finalement d’une orchestration plus ou moins riche selon le nombre d’instruments. Bon, loin de moi de dénigrer la science de mes aînés qui ont posé les bases et les règles de la musique occidentale. Il m’arrive d’en user, mais il faut savoir en sortir aussi…
D’ailleurs c’est ce qu’on fait les jazzmen, les bluesmen, les rockeurs, les musiciens œuvrant dans les régions les plus reculées des forêts tropicales ou des îles de par le monde.
Donc le maître-mot : faites confiance à votre instinct et n’ayez pas peur de faire des erreurs (j’en fais moi-même énormément, c’est comme ça qu’on avance !).
Alors ce point de départ peut être n’importe quoi : une mélodie, une ligne de basse, une suite d’accord, un chant fredonné, une suite de bruits, un rythme, etc. Une fois que vous avez une base (je pars du principe que vous travaillez avec une station de travail – DAW in english), après … cherchez ! dans tous les sens. Trouvez des sons, des instruments, travaillez des accords, copiez-collez, surchargez même ! Par expérience, je sais que l'instrument lui-même sur lequel vous jouez (même si c'est un VST ou un sample) détermine vos sensations. On ne joue pas pareillement une mélodie avec un sax, une guitare ou un violon.
Puis, déplacez, oubliez, laissez tomber, revenez… De temps en temps laissez de côté, ça peut être très utile, mais si vous êtes en veine de création, ne la bridez pas !
Vous apercevrez au bout d’un moment qu’un style de musique se dégage de lui-même. C’est très bizarre comme sensation (enfin ça l’est pour moi car viscéralement je n’ai pas de genre musical de prédilection.). Généralement j’ai un style de musique au départ, dans ma tête, et un autre au final. Il faut dire que le choix des instruments impose souvent le style. Et d’ailleurs ce n’est qu’à partir de ce moment-là que je trouve le titre. Pour finir quand votre morceau est prêt (il ne vous satisfera JAMAIS, soyez-en sûr !).
Eh bien ce n’est pas fini ! Il faut le mixer…
Là encore, si vous passez par un studio, faites confiance à celui qui sait utiliser le studio en question. Mais comme ce n’est le cas que de peu de monde (l’accès au studio je veux dire…), et que les outils informatiques sont très performants désormais, vous pouvez mixer « en interne ». Important : faites confiance à vos oreilles (donc ménagez-les et ne mixer pas à fond les gamelles !). N’hésitez pas à effacer, à détruire, à épurer, à élargir, et à ne pas forcément dénaturer les « samples » qui sont souvent dans une parfaite sonorité. Et finalement, aimez ce que vous entendez, vous et PAS LES AUTRE !
Le bon critère pour moi : j’écoute beaucoup mes œuvres et certaines des centaines de fois ! Et j’éprouve le même plaisir à chaque fois (pourtant je les connais par cœur, évidemment !)
Donc là c’est gagné, et vous pouvez les laisser prendre leur envol, elles ne vous appartiennent plus…
Gilles SOULIER